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Népal épisode 2: Du Manaslu aux Annapurnas et Mardi Himal. Mars-Avril 2023. Part 1

3 treks en 400 km.

Partie 1: Le tour du Manaslu.

Pour la partie 2 c'est ICI
Pour la partie 3 c'est ICI






Jour 1: Arughat Bazar - Machhakhola (860 m).
Premier jour de marche sous un soleil voilé. 
Sans sac à dos, en basse altitude, je trottine allègrement, au point que je doive régulièrement attendre mon guide et mon porteur qui cheminent tranquillement. Et donc, comme nous sommes arrivés très tôt au premier village prévu, j'ai proposé/demandé à mes accompagnants de pousser jusqu'à l'étape suivante. C'est comme cela que nous nous sommes retrouvés avec un jour d'avance par rapport au planning prévu.

La route menant jusqu'à Machhakhola, la plupart des touristes démarrent le trek à partir de cette ville, ce qui appauvrit les villages entre Arughat Bazar et Machhakhola car les touristes ne s'y arrêtent plus.
L'agriculture reste traditionnelle, dans les champs en terrasse. Pause sous un bougainvillier, des écoliers reviennent de l'école située dans le prochain village (ph 6 & 7). Premiers villages perchés sur les hauteurs. Premier pont suspendu, sans les drapeaux bouddhistes comme sur le sentier de l'Everest.
Le chemin va remonter la Budhi Gandaki, qui prend sa source sur le Manaslu, jusqu'à Samdo.
Arbre à fleurs d'orchidées. Photo depuis la fenêtre de ma chambre.

Jour 2: Machhakhola - Jagat (1362 m).
La pluie la nuit, les nuages le matin, le soleil l'après-midi, et l'orage le soir.
Et les sommets environnants ne se dégagent pas.


Je suis frappée par la pauvreté dans les villages et le mauvais état des maisons. Le tremblement de terre est passé par là, mais pas seulement. En effet le tour du Manaslu reste un sentier moins fréquenté par les touristes que l'Everest ou les Annapurnas et cette vallée encaissée de la Budhi Gandaki offre peu de terres cultivables. Cela procure donc de maigres sources de revenus pour les habitants.
Chemin faisant, nous arrivons à une des nombreuses "tatopani": source d'eau chaude (d'où de nombreux villages portant ce nom), précédé d'une source ferrugineuse (ph 5 & 6). Un de mes premiers mur mani, à Jagat. Dans cette vallée également, je trouverai des stupas et murs mani nettement plus anciens que sur les routes de l'Everest, ou des Annapurnas.

Jour 3: Jagat - Deng (1810 m).
Il a plu toute la nuit, et neigé à partir de 2000m. les népalais, dont mes équipiers, commencent à s'inquiéter pour le passage du premier col à 5100m. Moi, toute excitée à l'idée de franchir un col dans la neige, avec le souvenir de ma marche enneigée après l'épisode cévenol en mars 2022, je positive: "pas grave, nous passerons!"; même si j'entends l'argument de la dangerosité potentielle, hors de question pour moi que nous renoncions!

Un groupe de touristes, plutôt rares sur ce trek.

Une meule à farine alimentée par l'eau vive d'un ruisseau. Nous continuons le long de la Budhi Gandaki, la neige reste sur les hauteurs, même en dessous de 3000 m.

Langur gris.

A l'arrivée à Deng, nous sommes accueillis par un "Namaste" enfantin.

Des tomates locales. La guest house. Pasang, mon guide (à gauche), m'invite à partager thé et feu de bois dans la cuisine. Durant tout mon trek, moi qui n'aime ni le thé, ni le gingembre, je boirai consciencieusement 3 fois par jour mon thé-citron-miel-gingembre, et ma gorge et mes poumons m'en sauront gré.

Le ciel se dégage un peu en soirée. Il ne neigera pas cette nuit.

Jour 4: Deng - Namrung (2632 m).
Quelques doutes aujourd'hui: Nous croisons des groupes qui redescendent car il y a trop de neige à Samagaon et donc, ils n'ont pas pu progresser jusqu'au Larke pass. Nous devons arriver à Samagaon après-demain. Mais nous avons un jour d'avance si jamais nous devions attendre une accalmie météo; les prévisions semblent néanmoins plutôt favorables pour les prochains jours.

La journée démarre par une belle montée (ph 1). Pour une fois, ce ne sont pas que des escaliers. (on peut voir une petite silhouette en haut de la montée en lacets, près de l'angle gauche). Le trek prend de la hauteur, mon regard également et mon rythme de marche se ralentit. Ph 3: un pont en hauteur pour rejoindre les villages perchés à flanc de montagne. Ph 5: le Naïke Peak (6211 m) droit devant. Ph 6: Une petite route circule à hauteur de la petite maison bleue, juste au dessus de la cascade.

Pause déjeuner à Ghap.

Mur Mani et Stupa.

À nouveau un moulin à farine (ph 1 & 2), Après les pins de début de journée, le chemin progresse dans une forêt de bambous et rhododendrons. Des singes au loin (donc flous) dans les branchages (ph 5 & 6).

Blue sheep: mouton bleu ou grand bharal. Un petit mouflon qui peut vivre jusqu'à 6000 m d'altitude. Des chasses sont organisées dans la région du Dhaulagiri: Les chasseurs arrivent à 5000m directement en hélicoptère, et chassent ces caprins, facilement accessibles sur les parois montagneuses (alors que les thars, en vallée, se chassent à l'affût).

Nous finissons par arriver à Namrung où je prends possession de ma chambre située dans un charmant petit bungalow avec terrasse. (Toilettes et douche restent classiquement dans un bâtiment séparé).

Jour 5: Namrung - Lho (3180 m).
Une courte mais superbe journée sous un soleil éclatant. Mes premières vues sur le Manaslu!
Je passe du "Namaste" au "Tashi delek" (prononcé tachidélé), salutation tibétaine. L'ambiance dans les villages devient de plus en plus tibétaine.
Nous croisons des gens qui descendent de Samdo et qui nous disent que le chemin est maintenant accessible.

Le Naike Peak (6211 m) comme premier paysage du matin. 
Le chemin progresse en douceur, sous un soleil éclatant. Peu de verdure, la plupart des champs sont encore au repos.
Quand je demande à mon guide le nom des petits sommets avoisinants, il me répond inlassablement "une colline": de nombreux sommet de 5000 à 6000 m ne sont que des "collines" sans nom.

Arrivée à Lho. Les villages sont de plus en plus rustiques. Et j'y croise de plus en plus de tibétains. Je croise également mes premiers yaks.

Dans l'après-midi, après que mes accompagnants ont fait leur sieste, nous montons vers le monastère situé sur les hauteurs de Lho. Le Manaslu apparaît, juste derrière la colline du monastère, mais il est couvert en partie par les nuages qui sont arrivés entre-temps (ph 1).

Les 3 statues de Bouddha: Manjushri "celui qui est noble et aimable" bouddha de la sagesse et de l'éveil par l'apprentissage, Bouddha "qui s'est éveillé", bouddha pur et parfait, et Padmasambavha " né du lotus", bouddha de l'éveil par la pratique.

Vue plongeante vers Lho et les cultures en terrasse.

Jour 6: Lho - Samagaon (3557 m).
Aujourd'hui une courte journée de marche, suivie d'une visite du village. Je vais y séjourner 2 nuits, en étape d'acclimatation. 
Une fois dépassés les 3000 m, nos étapes se sont raccourcies. Nous finissons donc nos journées très tôt, ce qui laisse ensuite le temps de visiter les villages, de s'imprégner de l'ambiance, et de contempler le décor. Notre rythme de marche devient de plus en plus "Bistarai Bistarai" ( "bistaré bistaré" doucement doucement).

Le Manaslu, 8163 m, 8ème sommet mondial. Et le Gompa où nous sommes montés hier.

Des collines... Un drapeau tibétain (ph 3).

2 écoles. Les élèves ont cours en petit cercle, à l'extérieur, sur la 2ème photo, devant le bâtiment du milieu.

Nous sommes arrivés à Samagaon. Un long mur Mani, et une porte Kani. Et un dzo gris.

Nous partons nous promener l'après-midi. 
Nous passons devant un monastère. Derrière le four destiné à brûler de l'encens, une statue de Guru Rinpoche "précieux maître" ou Padmasambhava. Ce "deuxième bouddha" est le fondateur du bouddhisme tibétain, au VIIIème siècle. 
Puis, Pasang nous fait passer par un raccourci au milieu des broussailles pour arriver à une petite colline surplombant le Birendra Tal (lac Birendra), et Samagaon.

Retour au monastère, ou Gompa.

Sur le mur Mani sont déposés des crânes de yak ou dzopkyo, morts naturellement, souvent peints et/ou décorés, en guise d'offrande.

Puis nous partons vers le cœur tibétain du village. Avec ses maisons typiques de la région: l'étable en bas, et l'habitation à l'étage, accessible par une échelle extérieure.

La tisseuse ne voulait pas que je la prenne en photo, elle ne se trouvait "pas belle", mon plus beau sourire et la force de persuasion de mon guide ont fini par la rassurer, et elle m'a offert ce magnifique sourire.

Je suis ensuite invitée à déguster un thé tibétain: un thé noir (la chaleur pour lutter contre le froid) mixé avec du beurre de yak (pour l'énergie) et du sel (pour la réhydratation). Mon guide se régale. Bien que je trouve le goût surprenant et finalement plutôt agréable, je me contenterai d'un seul verre, mon estomac n'est pas encore adapté à ce breuvage!

Retour à la guest house, le long de ce long mur Mani, où tourner tous ces moulins à prière me donne le temps de méditer et de repenser à ma journée.
Entre temps, les nuages ont pris possession de l'horizon.
Ce fut une journée très riche sur le plan émotionnel: tout d'abord dans le Gompa, où nous sommes rentrés en pleine prière, conférant au lieu une intensité sacrée qui m'a saisie et émue. Puis, la visite de ce village resté traditionnel bien qu'il soit sur le chemin d'un trek, et enfin, l'accueil par ces femmes tibétaines. 
Tou djé tché (que l'on prononce à peu près comme tou toui tché): merci beaucoup.

Jour 7: Samagaon (3557 m), acclimatation.
Une petite escapade à un peu plus que 4000 m, où la vue à 360°, notamment sur le Manaslu, sera là aussi limitée par les nuages, mais le spectacle sera malgré tout enchanteur, et je foulerai mes premiers sentiers enneigés. 

En guise de sortie d'acclimatation, nous montons vers le Pung Gyen Gompa (ph 6 & 11), et nous nous arrêtons quelques mètres plus loin, à 4094 m. Le paysage est magique, même si je ne vois pas le Manaslu, caché par les nuages.
Nous partons sous un chaud ciel bleu, et redescendons sous les froids nuages.
Les drapeaux népalais "encadrent" le Ganesh Himal (7422 m) (ph 9), tandis que le Manaslu est dans les nuages (ph10); ,une cascade gelée; des grands bharals.

Jour 8: Samagaon - Samdo (3885 m).
Nous continuons notre progression par petites journées de marche.
Je commence à ressentir le froid, arrivée à Samdo, je sors mes gros gants et mes grosses chaussettes.
La neige va tomber dru à partir de 15h30, alors que nous redescendions de notre petite grimpette d'acclimatation.

A l'horizon, des collines, et le Naïke Peak.

Birendra Tal, au pied du glacier du Manaslu

Devant nous, le ciel bleu, derrière, le ciel couvert, blanc, la neige arrive.
Ph 1: le camp de base du Manaslu est "quelque part" au milieu des sérac (milieu de photo). il est inaccessible sans équipement d'alpinisme.

Devant, un aperçu du chemin de demain matin, sur le flanc droit de la montagne.
La petite colline au dessus de Samdo, où nous monterons cet après-midi comme petite grimpette d'acclimatation.
Vue sur le Samdo (6335 m) depuis ma chambre.

Des grands bharals sur la colline où nous sommes montés.

Depuis la colline: Ce chien nous accompagne depuis Samagaon. Je l'avais trouvé au petit matin endormi sur mon paillasson (et lui avais fait des grosses caresses la veille avant que notre hôte ne le chasse de la salle à manger). Il nous suivra en fait jusqu'à un village en contre-bas du Larke Pass. Il paraît que c'est assez habituel que des chiens suivent ainsi des groupes de marcheurs, on les surnomme "mountain dogs"; il s'en donnera à coeur joie de chasser les blue sheep; en arrière plan, notre chemin de demain, à flanc de montagne à droite. 
Vue plongeante vers le village de Samdo et la vallée de la Budhi Gandaki.

Il est 18h30 (heure locale). La neige a recouvert le village, ainsi que, bien sûr, notre chemin pour demain (le tracé horizontal en amont de la vallée, le long de la montagne, en face).

Jour 9: Samdo - Dharmasala (4495 m).
Voilà, nous approchons du premier col. Cette marche d'approche dans cet environnement enneigé est magique, faisant presque oublier l'inconfort dû au manque d'oxygène (60% d'oxygène dans l'air à 4000 m)

Sous un magnifique ciel bleu, nous avançons sur une fine couche de neige (à peine 10 cm), nous longeons le Naïke Peak (6211 m) puis le Larkya Peak (6249 m). Le mountain dog prend le soleil.

A Dharmasala. C'est une ancienne bergerie. Voici ma chambre: un bâtiment en pierres, à peine scellées, que l'on isole en tendant des draps sur les murs. J'ai dormi dans la presque totalité de mes vêtements du lendemain (je n'avais pas envie de me changer par -10°C ou moins, à 4h du matin), ce qui fait que j'ai eu très chaud au point de tomber la couverture (en laine de yak feutrée) et la polaire. Et, à 17h30, les nuages enveloppent notre refuge.

Jour 10: Dharmasala - Bimthang (3716 m).
Cap vers l'ouest, vers mon premier col, le Larke Pass (ou Larkya La, en népalais), à 5106m, suivi d'une longue descente, dont une première partie en "luge sur fesses".

Nous démarrons à 4h30. J'ai à peine déjeuné, les chapatis étaient trop secs, je suis donc partie avec un estomac quasiment vide; j'ai froid, mes extrémités sont glacées et peinent à se réchauffer. Cette longue progression dans la neige est à la fois éprouvante et magnifique. Voir le soleil colorer la montagne est magique. 
Je cale à 100 m sous le col, épuisée, je n'ai plus d'énergie, les quelques bouchées de chapati sont déjà éliminées, et je n'ai pas d'en-cas sur moi. Par bonheur, une tente à thé m'attend. Un vieille femme népalaise y reste à demeure pendant toute la saison des treks, elle est ravitaillée depuis la vallée. Pasang, mon guide, m'invite à me réfugier sous la tente, le temps d'avaler un café chaud, et d'engloutir des biscuits qu'il avait pris le soin d'acheter avant notre départ.
Je repars réchauffée, et gonflée à bloc. Je sais aussi que mon but est proche.
Sur la dernière photo, la flèche rouge sur la gauche désigne 2 trekkeurs sur le chemin.

Et donc, le Larkya La, au pied du Larkya Peak.
De gauche à droite: Pasang, mon guide, moi, Lale, mon porteur.

Puis nous entamons la descente, dont une bonne partie sur les fesses. Je me jette avec une joie toute enfantine dans ces couloirs de neige tellement semblables à des pistes de luge (cf sur la droite de le 3ème photo)! mon guide et mon porteur m'emboîteront le pas, ou les fesses plutôt!
Au delà du glacier, sur la gauche de la photo, le Ponkar lake.

Pause déjeuner dans une tea house, puis descente vers Bimthang.

Jour 11: Bimthang - Dharapani (1904 m).
Une longue descente durant laquelle je pourrai encore m'émerveiller à contempler le Manaslu.
Des rhododendrons se feront un peu plus nombreux, mais les pluies des jours derniers en ont fait tomber les fleurs.

Je profite du spectacle au lever du soleil.

Nous descendons le long de la Duth Khola pour rejoindre la forêt de rhododendrons, mêlés à des épineux. la Duth Khola, émanant d'un glacier au pied du Nimjung Himal, se jette à Dharapani dans la Marsyangdi qui prend sa source au pied du Thorong Peak, entre autres.

Une dernière vue vers le Manaslu.

Un dzopkyo nous attend sur le chemin. Un rhododendron en fleurs.

Après une pause déjeuner, nous reprenons notre descente, et nous retrouvons la civilisation, (ses temples), ses portes kani (et ses murs mani), ainsi que les cultures en étage. Nous traversons la Marsyangdi sur un pont de fortune, les moussons successives ayant emporté le pont principal, et charrié de gros blocs de pierre.
Dans le lodge, je retrouverai avec plaisir 2 jeunes allemands que j'avais rencontrés les premiers jours, puis régulièrement retrouvés sur le chemin ou à certaines étapes, et qui fêtaient leur accomplissement à la bière et à l'alcool de maïs. Je suis sagement allée me coucher, je festoierai dans un peu plus de 2 semaines.
 Nous sommes le 29 mars, à la fin de notre séjour au pays du Manaslu, et au début du trek des Annapurnas.

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Commentaires

  1. Haletant, éblouissant ! Respect ! Belle aventure humaine, sportive et paysagére.
    Bisous 🌿🔝🌿

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